Se former via les micro-certifications ou micro-accréditations
Date de parution
02/12/2021
Les micro-certifications sont des titres de compétences alternatifs aux diplômes qui sont proposés par les écoles ou des universités, parfois en collaboration avec des entreprises et se distinguent ainsi des modalités traditionnelles d’apprentissage agréées par l’État (licence, master, doctorat). Les compétences apportées par les micro-certifications sont parfois certifiées et peuvent permettre d’obtenir des ECTS et d’autres types de crédits reconnus dans certaines formations. Sonia Huguenin, docteure en sciences de l’éducation, a effectué sa thèse sur ces titres de compétences pour comprendre les enjeux et les limites d’un accès nouveau et quasi illimité au savoir, et son impact sur la vie professionnelle des apprenants.
Des formations à l’initiative des salariés
Si les micro-certifications sont avantageuses aussi bien pour les apprenants que pour les employeurs, l’inscription à ces derniers est majoritairement à l’initiative des salariés.
Mais d’autres raisons viennent s’y ajouter : les plans de formation des employés se font parfois plus d’une année à l’avance, et les calendriers de micro-certification sur des plateformes comme FunMOOC ne sont pas forcément connus au préalable. Il est donc parfois difficile pour les employeurs de les intégrer aux leurs.
C’est donc souvent à leur initiative que les employés intègrent ces formations, ce qui peut parfois se révéler problématique, puisqu’ils le font fréquemment sur leur temps libre.
Les micro-certifications de plus en plus plébiscitées par les employeurs
FunMOOC révélait il y a quelque temps avoir déjà été sollicité par des entreprises souhaitant obtenir des données concernant l’apprentissage de leurs salariés, afin d’intégrer des MOOC suivis à leur plan de formation.
Ne pouvant répondre positivement à ces requêtes du fait de leur politique de confidentialité des données, FunMOOC a annoncé la création de FunCorporate, une plateforme en ligne permettant aux entreprises de sélectionner des MOOC et de les privatiser pour les offrir à leurs salariés. Ils deviennent alors des SPOC (Small Private Online Courses).
Des inconvénients pour l’employeur
Le manque d’homogénéité concerne le coût des différentes formations, leur durée, la charge de travail, la modalité d’intégration de ces formations dans d’autres programmes qualifiants, ainsi que la modalité d’évaluation.
En effet, leurs évaluations ne sont pas normalisées ; certaines délivrent un certificat basé uniquement sur la participation, d’autres imposent des devoirs ou des examens finaux, ce qui pose un problème de reconnaissance pour les futurs employeurs.
Si les trois études de cas associées aux cours de la formation étudiée par le Dr. Huguenin étaient difficiles et nécessitaient un fort engagement de la part de l’apprenant, ce n’est pas le cas pour toutes les formations de type micro-accréditations.
Comment y remédier ? Un cadre commun européen et Gradeo
De nombreuses institutions travaillent pour remédier à ce problème. Faisant le constat du manque d’homogénéité de ces nouvelles formations en ligne, un projet européen a vu le jour en 2019, mené par les principales plateformes Européennes et visant à leur offrir un cadre commun de micro-certifications.
C’est dans ces conditions que Gradeo, cadre commun français, voit le jour en octobre 2020. Ainsi, Gradeo instaure de nouvelles règles pour les micro-certifications :
Les bénéfices tangibles et intangibles
En termes d’employabilité, une étude menée sur les MOOC [Dussarps, 2018] a mis en évidence le fait que mentionner en avoir suivis influencent les employeurs davantage sur ce qu’elles révèlent de la personnalité d’un apprenant que sur les compétences acquises. Elles révèlent par exemple qu’elle est impliquée, autonome, curieuse.
En reprenant des terminologies utilisées dans d’autres études, Sonia Huguenin qualifie ce type de bénéfices, de « bénéfices intangibles ». L’amélioration des connaissances et compétences et la reconnaissance sont d’autres bénéfices de ce type.
A ces « bénéfices intangibles » s’ajoute des « bénéfices tangibles » qui sont eux directement perceptibles dans la vie professionnelle : mobilité interne, augmentation de salaire…
Dans son travail de thèse, Sonia Huguenin a pour sa part identifié que pour la formation étudiée, « des bénéfices intangibles » étaient principalement et quasiment tout le temps cités par les personnes l’ayant suivie.
Les taux de complétion
L’un des reproches qui a été fait aux MOOC dans le monde de la formation digitale ces dernières années, porte sur leur taux de complétion qui est très faible. Mais le Dr. Sonia Huguenin explique que plusieurs facteurs sont à prendre en compte. D’abord, la manière dont ce calcul est effectué porte à confusion. En effet, s’inscrire à un MOOC ne demande que quelques clics. Compare-t-on alors le taux de complétion au taux d’inscription, ou au taux de personnes ayant assisté au premier cours ?
Par ailleurs, certaines personnes s’inscrivent par curiosité et pas nécessairement dans le but d’obtenir une certification. Concernant les micro-certifications, le taux de complétion semble plus élevé. Le Dr. Huguenin suppose que cela s’explique par le fait que l’inscription à ces formations est souvent associée à un projet professionnel. C’est du moins ce qu’elle a constaté avec la formation qu’elle a étudiée.
Découvrez notre podcast Never Stop Learning
Cet article est construit à partir de l’échange entre Sonia Huguenin, Docteure en sciences de l’éducation, et Gérard Peccoux, président de Callimedia, durant l’épisode 13 de notre Podcast Never Stop Learning. Si vous voulez en apprendre plus sur le digital learning, découvrez les différents épisodes disponibles sur notre podcast. Pour aller plus loin sur les MOOC, découvrez également les publications de Sonia Huguenin à ce sujet.